Nos voisins du Maroc ont déjà compris et mis en oeuvre les potentialités des STEP.

Nos voisins du Maroc ont déjà compris et mis en oeuvre les potentialités des STEP.

Stephan SAVARESE, adepte de l’énergie d’origine nucléaire, suit avec attention ce qui se passe en Corse au niveau énergétique.

Il nous a adressé un article paru dans le Monde, relatif à la Station de Transfert d’Energie par Pompage d’Afourer au Maroc, qui lui semble un bon exemple tout à fait transposable à la Corse pour le stockage, en l’associant à des sources d’énergie peu polluantes.

Cela rejoint tout à fait nos démarches auprès du Président de l’Exécutif de Corse le 10 avril 2009 et notre plaidoirie devant le staff technique de l’ADEC le 14 avril 2004:

http://www.arialinda-asso.com/index.php/2009/04/15/180-ce-qui-sort-de-la-boite-de-pandore


Nous n’avons eu de leur part aucun retour.

Il doit être plus facile de discuter avec les techniciens et les décideurs Marocains!

L’article du Monde…

Le Monde – Dimanche 3 Janvier 2010 – Bertrand d’Armagnac

Le Maroc mise sur le stockage d’énergie sous forme d’eau pour produire son électricité

Le pompage-turbinage, qui fait remonter l’eau vers des barrages, permet de lisser les variations de production de l’éolien et du solaire

A 200 kilomètres à l’est de Casablanca, au pied de l’Atlas, juste au-dessus de la bourgade d’Afourer, un dispositif hydraulique digne des Shadoks strie la montagne d’un filet clair. Deux réservoirs d’eau de 1, 3 million de m3 sont reliés par un " pipeline ". Entre les deux bassins, deux unités de production hydroélectrique forment le coeur du système. A certains moments, l’eau descend ; à d’autres, elle monte. Baptisé station de turbinage et pompage (STEP), ce système permet au Maroc de lisser les variations de production de l’éolien et du solaire et de répondre rapidement aux éventuelles pointes de consommation.

Moins médiatisée que l’éolien et le solaire, l’énergie hydroélectrique se trouve pourtant une place de choix dans le développement des énergies renouvelables. Avec des dispositifs qui se démarquent des barrages classiques. Une STEP fonctionne autour d’un aller-retour. Lorsque le réseau a besoin d’électricité, l’eau est libérée du réservoir haut et dévale dans les tuyaux pour alimenter les turbines des unités de production électrique.

La STEP d’Afourer peut ainsi produire 460 mégawatts (MW), soit l’équivalent d’une centrale à charbon. L’eau déversée dans le bassin inférieur est repompée vers le lac supérieur lorsque le besoin d’électricité, et son prix, sont moindres. En général, la nuit. Au total, le rendement d’une STEP – entre l’énergie produite et celle qui est consommée – est de l’ordre de 70 % à 80 %.

La STEP d’Afourer, commandée au français Alstom, a été mise en place fin 2004. Abdellah Moati, le directeur de la production de l’Office national de l’électricité (ONE), souligne la gestion délicate de la demande en électricité de son pays et le nécessaire stockage d’énergie. "Les centrales thermiques classiques, au charbon, qui fournissent une très grande part de l’électricité du pays, fonctionnent de manière optimale lorsqu’elles sont à plein rendement, note-t-il. Le surplus de leur énergie peut être stocké et restitué par la STEP. Par ailleurs, en cas de pointe de la consommation, l’accroissement de la production d’électricité par des centrales à turbines à gaz représentant un coût élevé, il est plus rentable d’utiliser la STEP."

L’équation économique de la STEP d’Afourer est améliorée par le fait que le pompage de l’eau vers le lac supérieur, pendant la nuit, se fait avec de l’électricité importée à coût très compétitif d’Espagne. Mais l’objectif de l’ONE est aussi la composition avec la STEP d’un portefeuille d’énergies équilibré. Le Maroc affiche l’objectif de produire en 2020 près de 20 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables, explique Saïd Mouline, directeur général du Centre développement des énergies renouvelables. Or "l’association de la STEP et des énergies renouvelables offre plus de stabilité dans l’alimentation du réseau", note Adbdellah Saphar, qui supervise pour l’ONE l’exploitation des énergies renouvelables dans le sud du Maroc.

Les STEP peuvent être déclenchées très rapidement, en quelques minutes. Et contrairement à l’hydroélectricité classique, où l’eau n’est pas récupérée, elles sont relativement protégées des risques de sécheresse, même si l’apparition de boues, due à l’assèchement des cours d’eau qui approvisionnent le bassin, peut parfois poser un problème.

"Il y a un regain d’intérêt pour toutes les formes de stockage d’énergie et la STEP répond bien à ce besoin de stockage massif ", analyse Cédric Philibert, expert au sein du département des énergies renouvelables de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’eau offre un stockage d’énergie plus facile et plus long que les sels fondus ou l’hydrogène. Selon les estimations de l’AIE, près de 100 GW de STEP sont installées ou en cours de création dans le monde, et il existerait un potentiel pour multiplier par dix cette capacité.

La France figure parmi les pays déjà conquis : dans l’Isère par exemple, EDF a associé une STEP au barrage de Grand’Maison. De l’autre côté de l’Atlantique, Steven Chu, le secrétaire à l’énergie de l’administration Obama, aime lui aussi souligner le rôle essentiel que peuvent jouer les systèmes de pompage-turbinage pour le stockage de l’énergie.

Des projets à plus long terme envisagent la création de systèmes reliant des bassins de pompage terrestres, ou des atolls artificiels surélevés, et la mer. Au Maroc, convaincu des avantages de la STEP, l’ONE se prépare à en construire une deuxième près d’Agadir et une troisième au nord du pays.

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Petit comparatif émissions de CO2

 

9 réflexions sur « Nos voisins du Maroc ont déjà compris et mis en oeuvre les potentialités des STEP. »

  1. Depuis longtemps le potentiel énergétique insulaire des STEP n’est plus a démontrer et on ne comprend pas bien pourquoi aucun projet ne sort des cartons.
    Peut être et surement que le faux statut de ZNI de la Corse y est pour beaucoup et que l’opérateur n’y voit aucun intérêt.
    Pourquoi se casser la tête, innover et changer de fonctionnement quand de toutes façons avec le monopole la production est sans efforts intégralement compensée financièrement par la CSPE.
    Par exemple pour comprendre le raisonnement de l’opérateur, alors que le barrage de Tolla existe pourtant depuis des décennies, il n’y a qu’a lire l’article de notre quotidien du 5 janvier 2010 ou les riverains du Prunelli s’interrogent sur les raisons des inondations devenues maintenant annuelles et même pluriannuelles.
    Comme l’a récemment dit dernièrement son directeur régional lors d’une interview, l’opérateur se contente seulement maintenant de respecter strictement la législation en avertissant simplement les autorités et pour que ses erreurs de 2005 ne se reproduisent pas il a cadenassé en interne le fonctionnement avec des consignes d’exploitation très strictes pour ne produire qu’en pointe sans tenir compte des prévisions pluviométriques.
    On préfère inutilement délester au dernier moment par la vanne de fond et déverser par le haut plutôt qu’en accord avec la météorologie produire et réguler ainsi le cours d’eau.
    Heureusement les malheureux riverains commencent enfin à ouvrir les yeux et à comprendre ce qui arrive maintenant annuellement depuis 2005 et qui n’arrivait pas ou rarement avant.

  2. Les explications du directeur régional sont claires et sans équivoque, alors que l’on pourrait turbiner quotidiennement plus longtemps en créant ainsi un tampon régulateur plus important, on anticipe pas avec pourtant des prévisions météo de plus en plus fiables à plusieurs jours mais ce n’est pas notre rôle, alors on continu son train train et on se contente simplement d’avertir au dernier moment les autorités que le barrage va déverser dans quelques heures.
    http://www.alta-frequenza.com/in...
    C’est éloquent.

  3. Si un contrat vous faisait obligation de payer les quantités de fioul lourd que vous avez réservées, que vous les consommiez ou non, vous n’auriez pas tendance à consommer du fioul lourd même si l’état de remplissage de vos barrages vous permettait de vous en passer?

    C’est un peu comme les doses de vaccin H1N1 dont la France aurait passé des commandes fermes et qu’elle afficherait aujourd’hui ne pas vouloir honorer….. Il y aura fatalement des compensations aux labos faute de se prendre un bon procès.

  4. Pour éviter les inondations dans la vallée du Prunelli, il va peut être finalement falloir demander à Roselyne de venir en Corse renégocier les contrats d’approvisionnement de fuel lourd pour l’ile et pourquoi pas aussi celui des moteurs propres auprès de MAN.
    A moins que son clone Corse fasse l’affaire.

  5. Aujourd’hui en remontant d’Ajaccio je me suis arrêté chez des amis à pisciatello puis plus loin du coté du pont de la pierre où les riverains du Prunelli en ont vraiment plein les bottes.
    Le lit de la rivière est certes sale et mal entretenu mais l’opérateur historique est largement montré du doigt.
    La gestion actuel du barrage est une véritable catastrophe et fait l’unanimité contre elle, espérons qu’une prise de conscience émerge enfin avant d’éventuels débordements, il en est encore temps.

  6. Il faut savoir que même si EDF a été privatisé, encore que, l’exploitation des ouvrages est régie par des cahiers des charges comme on peut le lire par exemple dans le document ci joint.
    http://www.drire.gouv.fr/rhone-a...
    Exploiter un ouvrage hydraulique ne veut pas dire se foutre des riverains en aval de cet ouvrage.

  7. Les STEP françaises ne sont pas une nouveauté.

    Six grandes unités totalisent 90% de la capacité totale des STEP : Grand Maison (Alpes), Montézic (Massif Central), Super Bissorte (Alpes), Revin (Ardennes), Le Cheylas (Alpes) et La Coche (Alpes). Et une unité est à venir : la STEP souterraine de Nouvelle Romanche (Alpes). La puissance totale des STEP actuellement installées en France est de 6 000 MW. En comparaison, les réacteurs nucléaires français les plus puissants ont une puissance unitaire de 1 495 MW. Les STEP représentent une production annuelle potentielle de 6 à 7 TWh.

    elles utilisent la nuit l’électricité d’origine nucléaire

    Mais

    Une tentative d?alimentation électrique à 100 % d?origine renouvelable a été tentée en Allemagne, et ça marche depuis août 2007! Un des moyens employés pour y parvenir a justement été celui du stockage de l?énergie éolienne par pompage dans des barrages de type STEP français. Ainsi que le note l?Ambassade de France dans son bulletin électronique : ?Le système est capable de fournir de l’électricité 100% renouvelable en continu, en fonction de la demande, de manière fiable et indépendante des conditions météorologiques. Le concept consiste à combiner de manière optimale les avantages de différentes sources d’énergies renouvelables : centrales hydroélectriques à pompe [STEP] et centrales à biogaz sont utilisées pour compenser les fluctuations de l’éolien et du photovoltaïque. Le système permet par ailleurs de compenser les inégalités régionales en termes de ressources énergétiques.

    Source (Sortir du nucléaire nov 08 )

    Alors !!! Comment les réveiller !!!

  8. EDF fait d’ailleurs partie de l’association de la région grenobloise Hydro 21 qui cherche à favoriser le développement de l’hydraulique dont font partie les flexibles STEP.
    http://www.hydro21.net/php/fr/ac...

    Situées en montagne, ces installations de turbines pompes ont de plus aussi l’énorme avantage de n’être pas forcément alimentées comme les barrages traditionnels par un cours d’eau puisqu’elles peuvent fonctionner en circuit fermé.

  9. Chaud et sain débat sur ce billet!

    Il me semble que Stephan vient de poser une question essentielle:

    "Le sujet de l’approvisionnement énergétique et de l’invalidité du trépied décidé en 2005 ne devrait-il pas être un enjeu important dans la prochaine campagne électorale ?"

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