Le système électrique Corse aurait frôlé une nouvelle crise énergétique en août 2008.

Le système électrique Corse aurait frôlé une nouvelle crise énergétique en août 2008.




Objet : Observations tirées des relevés d’auto surveillance 2008 et 2009 de la centrale thermique de Lucciana.

                                      


1) La crise énergétique Corse de l’été 2008  


 Le bilan mensuel  de la surveillance des rejets gazeux de la centrale thermique de Lucciana pour le mois d’août 2008 nous apprend qu’au cours de ce mois d’été  :


" les groupes ont été maintenus en production malgré des situations prolongées de dépassement des VLE en CO et/ou poussières."


" Ce mode de gestion a été choisi en accord avec la DRIRE, compte tenu de l’état de tension du système électrique Corse". 


Les échanges de courriers électroniques qui suivent, contiennent les éléments qui auraient entrainé l’accord de la DRIRE:


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Le 6 août 2008 à 18h05, mail adressé par EDF à la DRIRE :


Objet : Equilibre Offre-Demande


Certains évènements récents sont venus impacter la situation du système électrique :


indisponibilités fortuites sur certains moteurs du Vazzio,

niveau des réserves d’eau légèrement inférieur aux situations moyennes

dépassement des VLE de CO sur le moteur 7 de Lu, conduisant à son arrêt depuis la nuit du 5 au 6 août.


De ce fait, la sollicitation des TAC est passée en quelques jours de 700-800 m3 de FOD/semaine à 2100 m3, réduisant nos stocks à 7j.  Compte tenu de nos capacités d’approvisionnement, ce niveau de stock devrait se maintenir durant les 2 à 3 semaines prochaines.


Aussi, la situation de l’équilibre Offre-Demande parait tendue.


De ce fait, et sauf avis contraire, nous allons remettre en fonctionnement le G7 de Lu afin de préserver autant que faire se peut nos stocks de FOD et ne pas menacer encore plus la sécurité du système.


Les investigations se poursuivent sur ce groupe 7 afin de la ramener dans un fonctionnement normal, et les éventuels écarts de VLE seront tracés et expliqués dans le rapport mensuel


signé

 

Le 7 août 2008 à 7h41, mail de la DRIRE à EDF


Objet : RE : Equilibre Offre-Demande


 conforme à notre entretien d hier ; j ai bien note, pas de remarque

particulière, vous faites au mieux pour assurer la fourniture électrique 

; attention aux stocks de produit petrol ; vous avez mon accord pourd

Eventuels écarts de vle que vous expliquerez dans le rapport mensuel.

signé

 

Le 7 août 2008 à 8h43, mail interne EDF


Objet : RE : Equilibre Offre-Demande


confirmation de la position donnée hier soir

compte tenu de la tension, merci de réaliser et de communiquer aux acteurs prod+syst+direction un suivi journalier de nos stocks FOD mis en perspective du prévisionnel de consommation.


signé


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Il faut remarquer que du 5 au 6 août   +  indisponibilités fortuites sur certains moteurs du Vazzio  +  niveau des réserves d’eau légèrement inférieur aux situations moyennes  +  réduisant nos stocks   +   Compte tenu de nos capacités d’approvisionnement  = ingrédients de la crise de 2005 qui a eu lieu en hiver, sauf qu’en 2008 cela s’est produit au mois d’août.


C’est donc passé inaperçu pour le grand public.



Le dépassement  de CO sur le groupe 7, évoqué par EDF, 698 µgr/m3 alors que la VLE est à 650 µgr/m3, est relativement minime, 7%, par rapport au dépassement  enregistré sur  le moteur 4 pour les PM 10 lors de la même journée, 129 µgr/m3 alors que la VLE  est à 100 µgr/m3, soit un dépassement de 29 %. 


Il lui permet pourtant d’obtenir un accord de le DRIRE, qui n’a apparemment pas d’indication écrite de ce dépassement  en  PM10. On peut donc se demander si au cours de la conversation téléphonique qu’il évoque, il avait été fait mention de ce dépassement. .

On peut aussi se demander si le dépassement des VLE CO et des VLE  PM 10 est autorisé par la DRIRE, puisqu’elle ne semble pas avoir fait pas de commentaires à la réception du rapport mensuel qui précise que les dépassements ont concerné les deux polluants, et que la situation se reproduit.


Après cet événement, des dépassements supérieurs en CO, VLE = 650 µgr/m3,  ne semblent pas avoir fait l’objet d’échanges entre EDF et la DRIRE:


724 à 1154 µgr/m3 sur le groupe 1 entre le 01 et le 11 septembre 2008,


695 à 1043 µgr/m3,  sur le groupe 8 entre le 12 et le 17 décembre 2008,


1543 à 3412 µgr/m3 sur le groupe 8 entre le 1 et le 15 janvier 2009 qui passait également à 10473 µgr/m3 alors que la VLE est de 7000 µgr/m3. (par la suite attribuées à un défaut de l’enregistreur, ou imputées aux opérations de maintenance des cabines de mesure).


731 µgr/m3,  sur le groupe 7 le 20 mai 2009, 


On peut également se demander si les responsables locaux (maires) ont été tenus informés de la situation.


2) Phases transitoires: 


 Impact du fonctionnement en pointe sur l’accroissement de la pollution en microparticules PM 10:


Alors que la VLE poussières à été dépassée,  EDF écrit : Au mois de mai, grâce à la forte disponibilité des ressources hydrauliques, le groupe a été sollicité uniquement en pointe (53 heures de marche). Ce mode de sollicitation, qui implique de fréquents démarrages, ne permet pas de stabiliser le rendement du moteur ce qui explique les dépassements sur les moyennes journalières.    (cf. fiche du groupe 1 pour mai 2008)



3) Le procédé HAM qui a été mis en route depuis 28 juillet 2008:


– Il est censé réduire les NO2, mais il aurait pour effet pervers de favoriser les PM10.

– On constate  paradoxalement une légère hausse des NO2 sur les relevés de Qualitair pour le capteur de Marana à la même période.


4)  Divers


– A Lucciana, les mesures ne sont pas réalisées en permanence et en continu, comme pour la centrale du Vazzio.


– D’après ses indications, EDF ne mesure, sous la dénomination  VLE poussières, que les microparticules PM10. (cf bilan du G1 en avril 2008)


– Les émissions des chaudières ne sont pas quantifiées.


– La mesure des émissions des TAC n’est pas exprimée.


– Les SO2, ne sont ni mesurés, ni exprimés dans les tableaux des valeurs journalières.  Le pourcentage de mesure est égal à zéro. La teneur en soufre du fioul lourd approvisionné n’est pas indiquée.


  Les périodes et nombres d’heures de fonctionnement des moteurs ne sont pas précisés.


  Alors que le pourcentage de mesure des PM 10 (et d’autres polluants) est plusieurs fois indiqué comme étant égal à zéro, des valeurs d’émissions sont pourtant exprimées.


  Selon EDF, les deux centrales actuelles utilisent le même combustible, fioul TTBTS. Le fait que les deux centrales aient les mêmes VLE pour les poussières est révélateur du fait que l’équipement de dépollution dont a bénéficié la centrale du Vazzio n’a apporté aucune réduction significative des émissions de ce polluant.


  A partir du mois de mai 2009 apparaissent, suite à une recommandation: 


 une indication sur l’estimation de la teneur en soufre: 592 µgr/m3 uniforme pour tous les moteurs. Les mois suivants,  les valeurs évoluent, mais toujours uniformément.


 des commentaires sur les rejets atmosphériques des TAC 1,2,3 et 4, conformément à l’arrêté préfectoral 2008-183-1 art 10.3.2.2. Il est indiqué que le dépassement des VLE CO est du à la prise en compte des phases de démarrage et d’arrêt.


– Le bilan de juin 2009 nous apprend qu’on peut forcer les valeurs d’une baie de mesure pour les rendre identiques à celles des autres.


– Le bilan de septembre 2009 nous apprend qu’on peut forcer les valeurs des oxymétries.


– Il semble que le respect retrouvé des VLE aille de pair avec de très faibles pourcentages de contrôle.

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INFO:  Le reportage réalisé par terre.tv durant Festiventu 2009 à Calvi est en ligne:

http://www.terre.tv/#/fr/energies-renouvelables/reportage/2452_la-corse-veut-sa-part-de-gaz

A noter que la bonne définition de la CSPE est : La Contribution au Service Public.de l’Electricité.

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Article L221-6
En vigueur depuis le 3 Août 2008
Modifié par LOI n°2008-757 du 1er août 2008 – art. 7.


Les résultats d’études épidémiologiques liées à la pollution atmosphérique, les résultats d’études sur l’environnement liées à la pollution atmosphérique ainsi que les informations et prévisions relatives à la surveillance de la qualité de l’air, aux émissions dans l’atmosphère et aux consommations d’énergie font l’objet d’une publication périodique qui peut être confiée, pour leur zone de compétence, aux organismes agréés mentionnés à l’article L. 221-3. L’Etat publie chaque année un inventaire des émissions des substances polluantes et un inventaire des consommations d’énergie. Il publie également un rapport sur la qualité de l’air, son évolution possible et ses effets sur la santé et l’environnement. L’inventaire des émissions des substances polluantes et le rapport sur la qualité de l’air, son évolution possible et ses effets sur la santé et l’environnement sont soumis à l’avis de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail. Lorsque les normes de qualité de l’air mentionnées à l’article L. 221-1 ne sont pas respectées ou risquent de ne pas l’être, le public en est immédiatement informé par l’autorité administrative compétente. Cette information porte également sur les niveaux de concentration de polluants, les conseils aux populations concernées et les dispositions réglementaires arrêtées. L’autorité administrative compétente peut déléguer la mise en oeuvre de cette information aux organismes agréés prévus à l’article L. 221-3.



3 réflexions sur « Le système électrique Corse aurait frôlé une nouvelle crise énergétique en août 2008. »

  1. Dans le reportage TV, alors que le projet européen initial de gazoduc est à l’origine beaucoup plus important, monsieur Philippe Grandju explique et confirme bien que le raccordement de la Corse au GALSI n’a pas été envisagé sérieusement que par le seul manque d’interet des industriels de l’énergie et en particulier l’opérateur historique qui pour la production électrique utiliserait l’ouvrage à 80 %.
    Construire un gazoduc pour seulement alimenter une dizaine de milliers de clients n’a évidemment aucun interet et l’utiliser en production d’électricité malgré les affirmations médiatiques ne fait pas partie du classique mais très dommageable formatage maison SEI.
    La CSPE qui entre autre compense actuellement le surcout de production au fuel dans les ZNI devrait aussi logiquement pouvoir compenser celle éventuelle au gaz naturel tout en voyant alors paradoxalement son montant national diminuer.
    La CRE qui est chargée du calcul du montant annuel de la CSPE doit etre interrogée très rapidement pour en avoir confirmation.
    Espérons que pour le prochain conseil énergétique monsieur GALSI en la personne de Jean Pierre Leteurtrois nous apporte enfin la preuve.

  2. A noter que monsieur Philippe GRANJU, qui faisait pourtant partie de l’état major de SEI Corse, n’a pas supporté l’essai de formatage maison profuel type SEI et qu’il a alors fait en conséquence un choix de vie courageux en toute honneteté au détriment d’une carriere toute tracée.
    Il enseignait d’ailleurs aussi dans les années 2005 à l’université de Corte en master ingenierie écologique dans une unité d’enseignement développement durable comme en atteste la page 13/22 du document PDF suivant: dessingeco.free.fr/prog_0…
    Il avait d’autre part en septembre dernier déja dénoncé dans un article ‘l’énergie du mensonge’ : archives.club-corsica.com…
    Ah si seulement il pouvait y avoir beaucoup plus de responsables qui assument et mettent au final en accord leurs actes avec leurs idées.

  3. C’est vrai Corneille,

    Il y a des femmes et des hommes de bonne volonté à EDF, Philippe GRANDJU est un de ceux là, et sa démarche est d’autant plus courageuse qu’il est confronté à un directoire réactionnaire qui s’oppose, pour préserver les intérêts du haut actionnariat, aux intérêts de la population de la Corse.

    En Corse, les directeurs qui ne sont que de passage, abandonnent toujours le navire avec de belles promotions, en nous faisant supporter les conséquences des stratégies, qu’avec des complicités locales, ils arrivent à mettre en place, au détriment de la Corse. Il suffit de relire le rapport Leteurtrois de 2005 pour s’en rendre compte.

    Philippe GRANDJU dispose effectivement d’un bagage intellectuel assez largement supérieur à celui du toréador bac+2, et d’une capacité à s’exprimer sans perdre les pédales face à un public. La pellicule se souvient encore des dérapages de Batelicaccia, et de Sarrola Carcopino.

    L’arrivée du gaz naturel en Corse, en plus de son meilleur intérêt économique, sanitaire et environnemental, offrira des conditions de travail beaucoup moins pénibles et archaïques que celles que connaissent les agents de la centrale de Lucciana, au contact du fioul lourd, que la direction veut imposer à toute la Corse.

    Galileo Galilei avait seulement eu tort d’avoir déjà compris que la terre tourne, et de bousculer ainsi le formatage de l’église qui ne regardait encore que ses pieds.

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