La r�©union du collectif ARIA LINDA avec le Pr�©fet de R�©gion, � Ajaccio le 13 novembre 2008.
Compte rendu de la réunion du collectif ARIA LINDA
avec le Préfet de Région, à Ajaccio le 13 novembre 2008.
Nous doutant bien qu’il aurait fort à faire, nous avons, dès le 21 aout 2008, adressé une demande de rendez-vous à monsieur le préfet. Ayant pris ses fonctions au 1er septembre, il nous a reçu hier 13 novembre à 18h15.
Le préfet a déjà pris la température du terrain pour avoir reçu l’association A SENTINELLA le 5 novembre, et Antoine OTTAVI, maire de la commune de Batelicaccia, le 12 novembre. Dans cette commune, les avis sont partagés, voire exacerbés quant à l’implantation d’une future centrale au fioul lourd.
JN ANTONIOTTI fait remarquer que le postulat répandu par le précédent préfet, le directeur de SEI et son porte-parole syndical, quant à la prétendue réduction par 10 de la pollution de la future centrale n’y sont pas étrangers. Il signale au préfet que l’étude de dispersion financée par EDF en 2006 confirme clairement qu’il n’y a aucune réduction concernant l’émission des microparticules PM 10 et PM 2,5, depuis la mise en service des actuelles centrales.
Les futurs moteurs diesel commandés par SEI seront équipés des mêmes équipements de dépollution que les moteurs actuels, qui apportent certes une réduction par 3 des NOx et des SO2, mais absolument aucune réduction à l’émission des microparticules et des HAP qui sont identifiés comme fortement cancérigènes et mutagènes. D’où l’intérêt évident d’utiliser le gaz naturel puisque sa combustion ne génère pas d’émission de ces polluants.
L’étude de dispersion montre d’autre part que loin de disperser la pollution, les vents dominants la stockent durablement dans la vallée de la Gravona. Cela dure depuis 28 ans, dont 25 sous régime de dérogation totale à des niveaux au moins 3 fois supérieurs à ceux alors admis en métropole. Ceci démontrant à l’évidence que le site pressenti n’est pas le meilleur compromis annoncé par le préfet LEYRIT.
Alexandre SARROLA, premier opposant déclaré, revient sur la mobilisation de la population contre ce projet et la constitution du collectif. Ainsi que le montrent les délibérations anti fioul adoptées par les communes de son canton, et l’avis émis par le Conseil Général de la Corse du Sud, le refus est unanime. Il pourrait ainsi que l’ont décidé les élus locaux réunis en mai, être matérialisé par un référendum d’initiative locale.
Jean Louis LUCIANI, co-auteur avec Antoine OTTAVI et Jean BIANCUCCI de la première motion déposée en février 2008 à l’assemblée de Corse, confirme l’opposition de la population également matérialisée par les motions adoptées par les communes du 7 éme canton et le caractère inacceptable d’un fonctionnement au fioul lourd.
Le préfet, visiblement assez bien renseigné sur le dossier, nous annonce qu’il a pris le soin de faire le tour de la situation, qu’aucun engagement ne le lie au choix d’un terrain. Il est convaincu de l’intérêt d’un fonctionnement au gaz et d’une mise en exploitation de la future centrale d’Ajaccio qui épargnerait une coûteuse conversion et la réalisation d’un stockage pour le fioul lourd. Il nous précise que Monsieur GALSI travaille activement sur le projet, dont le coût de réalisation est évalué à 200 M€.
JN ANTONIOTTI revient sur la définition des moteurs diesel au fioul lourd commandés à MAN. Le directeur de SEI a annoncé que des options avaient été prises lors de la commande, alors que la délibération 05/225 précise qu’ils doivent être conçus pour être convertibles et raccordables sur le gazoduc dés qu’il sera réalisé et que les conditions seront favorables. Selon les techniciens d’EF, la transition fioul lourd / fioul léger ne pose pas de problème, ainsi que la transition fioul léger/ gaz naturel. Par contre, aucun site ayant pu bénéficier d’une conversion fioul lourd/gaz naturel n’a pu être cité à titre d’exemple. Cette convertibilité reste donc à démontrer, tant au niveau de son expression dans la commande de SEI, qu’à travers une application connue.
Compte tenu des résultats de l’étude réalisée par l’ADEME en 2006, aux conditions d’achat du baril de pétrole d’alors, une économie de 20 M€/an est réalisable. D’autre part, d’après les syndicats maison, le consommateur de Corse se chauffant au gaz pourrait économiser 40 % du montant de sa facture.
Nadine NIVAGGIONI fait part du dépôt d’une motion relative à l’inscription du raccordement de la Corse au gazoduc GALSI dans les documents de programmation que sont le Plan Investissement Prévisionnel gaz. Le PIP doit être adopté avant la fin de l’année, et intégré dans la Programmation Pluriannuelle des Investissements. Cette motion demande également au chef de l’Etat de veiller à la ratification d’un accord entre états.
Jean BIANCUCCI a déposé une motion relative à l’ouverture d’une enquête épidémiologique sur l’impact sanitaire et environnemental de 30 ans d’émissions. Cette enquête, qui est depuis longtemps demandée aux autorités, pourrait être réalisée sur la base d’un co-financement. L’élaboration du cahier des charges associerait les associations de défense de l’environnement, et des organismes indépendants.
Pour l’association U LEVANTE représentée par Jean ARRIGHI, l’action contre les émissions toxiques des centrales au fioul s’inscrit dans la durée. Si l’équipement des centrales à été complété de manière à réduire une partie de la pollution, les microparticules et les HAP sont toujours émises. Leur niveau de surveillance reste insuffisant quantitativement et qualitativement, malgré la récente acquisition tendant à préciser la part de la contribution de la pollution d’origine automobile à la pollution globale en milieu urbain.
JN ANTONIOTTI confirme en rappelant que le rapport AIRMARAIX en 2005 avait montré des niveaux de pollution sur le site de Pitaniccia, dans la plaine de Sarrola Carcopino, au moins équivalents à ceux des grands centres urbains de Marseille et Avignon, pour un trafic routier bien inférieur. Il signale que la Corse ne bénéficie, au travers de l’IQA, que d’une surveillance limitée de la qualité de l’air, alors que les villes de plus de 100 000 habitants bénéficient pleinement de la directive ATMO.
Dominique LANFRANCHI rappelle la demande formulée par l’association A SENTINELLA::
– Un prélèvement des rejets au sortir des cheminées et son analyse par un laboratoire indépendant, suivant un cahier des charges auquel les associations de défense de l’environnement seraient associées.
– Un carottage du sol dans un périmètre significatif autour de la centrale avec fixation préalable d’un cahier des charges associant des médecins, des associations de défense de l’environnement et son analyse par un laboratoire indépendant.
Le Docteur LECA-BATTESTI rappelle l’avis exprimé par le Conseil de l’Ordre de la Corse du Sud, et les préoccupations des professionnels de santé. Les études sur les taux de cancers pulmonaires en cours montrent pour la Corse un taux supérieur à la moyenne nationale. Les professionnels de santé devraient prochainement émettre un avis sur cette problématique.
Monsieur le préfet fait remarquer que les cancers pulmonaires peuvent être d’origines multiples, voire combinées, compte tenu des sources hors pollution industrielle et automobile telles que l’amiante, le tabagisme ou le radon.
Nous avons demandé à monsieur le préfet de transmettre au président de la République un courrier lui demandant de s’impliquer dans le raccordement au GALSI, puisqu’il a promis de faire de la Corse un modèle environnemental et que ça y contribuerait.
Nous avons annexé à ce courrier la copie de notre courrier du 29 octobre 2008 adressée au président de la Commission de Régulation de l’Energie pour lui faire part de quelques interrogations sur la notion de ZNI, et notamment sur l’absence d’accès à la libre concurrence pour le consommateur de Corse.
La réunion s’est terminé vers 19h20, après que les participants aient remercié le préfet pour son accueil.
Notre délégation était composée de :
Marie Dominique LECA-BATTESTI, Médecin.
Vannina PERALDI, Exploitant Agricole sur un des terrains pressentis.
Nadine NIVAGGIONI, conseiller territorial.
Jean BIANCUCCI, conseiller territorial.
Jean Louis LUCIANI, conseiller territorial, conseiller général du 7 eme Canton D’Ajaccio.
Alexandre SARROLA, maire et conseiller général du canton de Celavo – Mezzana.
Jean ARRIGHI, pour l’association U LEVANTE.
Dominique LANFRANCHI pour l’association A SENTINELLA.
Jean Nicolas ANTONIOTTI pour le collectif ARIA LINDA.