ETAT / CTC : Centrales au fuel : Le jeu du chat et de la souris
Pour obtenir la réouverture des débats sur le thème de l’énergie, et plus particulièrement sur le fallacieux concept de moteur thermique propre alimenté au fuel lourd, une première motion déposée en février 2008 a été rejetée par 24 voix contre et 14 pour sur les 51, après un débat de près de cinq heures.
Hélas, le débat ne porta que sur la forme, grand soin étant pris de ne pas aborder le fond, à savoir la remise en cause de l’article 4 de la délibération 05/225 de l’assemblée de Corse qui validait le chimérique moteur propre dont la paternité, semble-t-il, revient à l’ingénieur LETEURTROIS qui en faisait déjà état dans son volumineux rapport sur la crise énergétique Corse de 2005
Le mot « propre » a trompé nos dirigeants au point qu’ils ont donné un blanc-seing aux allégations de l’opérateur, investis de la légitimité qu’a travers les urnes, la population leur aurait donné ?
Quid de notre santé, et de notre environnement ?
Nos élus auraient du prendre soin de lire intégralement ce rapport. Ils auraient réalisé qu’en contre partie d’une solution destinée à éviter la récidive d’une rupture énergétique, ils acceptaient d’une part des conditions économiques unilatéralement dictées par l’opérateur et d’autre part de prolonger l’exposition de la population, à son corps défendant, aux rejets toxiques déjà subis depuis 30 ans.
Le rapport LETEURTROIS rappelle en effet le contenu du code général des collectivités territoriales, particulièrement en ce qui concerne les compétences de l’assemblée de Corse :
– Elle n ’a aucune en matière de moyens de production thermiques et son vote n’avait pour seul objectif que de « garantir l’acceptabilité des choix énergétiques par la population ».
– Les choix sont ceux de la Commission de Régulation de l’Energie qui « définit les règles qui gouvernent le financement des moyens de production. Soucieuse d’éviter une dérive des charges de service public qui pèsent sur le consommateur d’électricité, elle agit pour orienter les choix vers les moyens de production les plus économiques et réduire les marges des opérateurs ».
Dans le droit fil de leur action, le collectif ARIALINDA et l’association A SENTINELLA ont à nouveau sollicité les conseillers territoriaux engagés à leurs côtés pour déposer une seconde motion à l’Assemblée de Corse lors de la session du 5 juin 2008.
Une nouvelle fois, la démocratie a été confisquée et le débat n’a pas eu lieu. Aucune possibilité de développer un argumentaire, puisque le président de l’assemblée de Corse a estimé qu’il fallait laisser travailler le fraichement nommé monsieur GALSI, l’ingénieur LETEURTROIS.
Sur le site de la majorité locale on peut lire :
– Le Cabinet du Premier Ministre a confirmé jeudi 24 avril la nomination de M. Jean-Pierre Leteurtrois, ingénieur général des Mines, en qualité de chargé de mission du projet de gazoduc GALSI.
– Camille de Rocca Serra et Ange Santini se félicitent de cette nomination qui répond à leurs sollicitations et témoigne de la volonté du Gouvernement de suivre avec la plus grande attention ce dossier majeur pour l’approvisionnement énergétique de la Corse.
– La nomination de M. Jean-Pierre Leteurtrois, auteur du rapport sur « la crise énergétique en Corse », démontre l’intérêt que porte l’Etat au raccordement de la Corse à ce gazoduc qui alimentera en gaz algérien, d’ici à 2015, la Toscane via la Sardaigne.
– Ce projet, source de consensus dans l’île, apparaît comme l’unique occasion de raccorder la Corse au réseau européen de gaz naturel et contribuerait puissamment à en faire une région résolument tournée vers le développement durable.
Quel est le niveau de crédibilité d’élus qui réclament constamment des bouées de sauvetage à Paris ?
D’autant que seule une infime partie de la réponse serait apportée par le GALSI et au mieux en 2015. En attendant, les rejets toxiques de la combustion du fuel, les particules fines et autres HAP, poussés par le vent d’ouest qui souffle sur notre côte 300 jours par an, continueront de se déposer dans nos poumons.
Quid de l’étude comparative promise par le président SANTINI pour fin avril?
Quid des deux commissions annoncées par le préfet LEYRIT en janvier 2008?
Quid de l’enquête épidémiologique?
Quid du débat à l’Assemblée de Corse et quid des travaux de sa commission chargée d’examiner notre motion ?
Quid des propositions d’amélioration de la surveillance de la qualité de l’air (directive ATMO) en Corse formulées aux 4 députés ?
Toutes ces non réponses deviennent de plus en plus éloquentes : certains élus après avoir sollicité vos suffrages en vous promettant la lune, vous prennent pour des cons dès le lendemain de l’élection. Et ils envisagent de récidiver en validant leur mauvaise copie de 2005 eu travers du vote du PADDUC, ainsi qu’en témoigne le projet.
Dans moins de 2 ans, au moment d’élire les conseillers territoriaux, il faudra se souvenir de leur bilan.
Et pour nuancer les propos de notre directoire bicéphale, si le gaz semble être source de consensus, c’est uniquement car il constitue la seule possibilité de conserver la structure du Plan Energétique Corse, cher à nos élus, et de rendre le pied thermique du trépied énergétique moins nocif au travers de l’utilisation du gaz beaucoup moins polluant que le fioul lourd. Et que culturellement, ceux qui ont voté la chimérique notion de centrale thermique à moteur propre au fuel lourd, ne sont pas près à se remettre en cause. D’autant qu’ils ont l’impression qu’ils y perdraient à nouveau la face !
Le vrai consensus c’est moins de pollution, plus d’ENR, et maîtrise des déperditions.
D’ailleurs nos propositions tendent à l’utilisation de moyens de production plus rentables. Les Turbines à Gaz à Cycle Combiné, en utilisant les calories dégagées par la combustion du gaz produisent de la vapeur d’eau qui alimente une seconde rangée d’ailettes sur le même arbre moteur. Cela améliore le rendement actuel des centrales en usage au Vazzio, enfin celui qu’elles avaient quand elles étaient neuves de 35 à 60 %.
On en oublie les STEP. Un jeune ingénieur diplômé en énergie s’étonne du refus de la CTC d’examiner la potentialité du projet de Joseph PAOLI, alors que cette technique est largement appliquée sur le continent, et qu’elle nous permettrait de produire environ 110 MW si elle était appliquée à nos barrages !
Soit l’équivalent de la puissance d’une centrale thermique…..sans la pollution et en conservant la capacité hydraulique intacte pour les besoins agricoles
Voilà au moins 2 propositions de nature à réduire la facture énergie de la Corse, et à améliorer la qualité de vie.
Il faut bien se douter que la péréquation, ce dispositif qui permet à tous les abonnés de payer le même prix moyen du KWh consommé indépendamment de son coût véritable de production, ne résistera pas longtemps aux appétits de la filiale du distributeur, et aux injonctions de Bruxelles sur les entraves à la libre concurrence.
Alors autant s’arranger pour faire baisser le coût moyen de notre production locale, tout en diminuant le niveau de pollution que nous subissons.
4 réflexions sur « ETAT / CTC : Centrales au fuel : Le jeu du chat et de la souris »
Mon cher Jean Nicolas,
Je te trouve aujourdâ??hui très remonté, mais câ??est vrai quâ??il y a logiquement de quoi.
Je constate que tu a toujours ton livre de chevet et que tu le relis comme moi sans comprendre pourquoi certains nâ??ont toujours pas compris ce qui a été écrit depuis bientôt trois ans.
On va encore laisser libre cours et donner carte blanche au dernier moment à lâ??opérateur historique sans lever le petit doigt et sans avoir demandé les avis à dâ??autres énergéticiens.
Le dossier du renouvèlement des centrales en effet a lâ??air de prendre la poussière dans un placard du palais Lantivy et il nâ??avance pas.
Lâ??état et EDF traînent les pieds, la CTC de son coté ne propose rien de concret sur les énergies locales qui sont pourtant de sa compétence et on attend inexorablement sans bouger.
Le changement de préfet va tâ??il faire avancer pour autant le smilblick.
Il nâ??y a pas grand chose non plus à attendre du coté de la CRE dont malheureusement les avis pourtant éclairés sont trop souvent laissés de coté et ignorés comme on peut le constater en ce moment sur le continent avec lâ??éolien.
Quant au reste, que ce soit pour GALSI, les études, les commissions ou les enquêtes câ??est le vide complet.
Le seul réel espoir est comme tu le mentionnes dans la maîtrise de la demande et surtout dans la mise en place rapide des fameuses STEP couplées avec les énergies renouvelables ou lâ??importation, qui espérons le feront lâ??objet logiquement du deuxième volet du plan de relance de la production hydroélectrique annoncé par Jean Louis Borloo le 23 juillet 2008.
Mais il faut là encore attendre le débat devant le parlement dâ??ici la fin 2008.
Oui Corbeau,
La tiedeur estivale ne m’a pas refroidi!
J’espère que notre ministre aimera utiliser l’eau pour d’autres usages que les glaçons à l’apéro!
Il a en Corse un adepte qui pourrait être remplacé par un alambic aux prochaines territoriales sans que la politique locale en soit plus affectée.
On en rigole, pour ne pas en pleurer.
Je t’avais trouvé très remonté et voila que je te trouve dur mais très objectif et tellement réaliste.
Les choix des lieux de consommation, de distillation ou de mise en place des alambics poseraient hélas surement moins de problèmes, comme tu le dis on en rigole pour ne pas en pleurer mais c’est finalement assez triste.
unissons nous et proposons comme solution alternative plutôt qu’une centrale au fuel à AJACCIO, une distillerie écossaise à porto vecchio. Le succès de cette proposition sera assuré !