Notre rencontre avec le Directeur d’EDF-GDF : ouvert, mais très fioul lourd malgré tout.

Notre rencontre avec le Directeur d’EDF-GDF : ouvert, mais très fioul lourd malgré tout.




Accompagné de son adjoint et de son chargé de communication le Directeur Régional reçoit  les présidents d’A SENTINELLA et d’ARIA LINDA  quelques minutes après  10 h.  Nous lui demandons s’il est nécessaire de lui rappeler qui nous sommes et pourquoi nous sommes là : en tant qu’ opposants à la construction d’une nouvelle centrale au fioul lourd.

Nous lui exposons notre vision de la situation :

D’un côté les articles politiquement corrects qu’on peut lire dans la presse insulaire (TERRA CORSA Janv-fev-mars 2009) qui dans  un article visiblement inspiré dépeint les actuelles et futures centrales comme utilisant un fioul sans soufre. Ce qui  est manifestement faux,  puisque la spécification du marché de la centrale du Vazzio porte toujours sur du fioul LOURD.

Ou, cet autre article d’un journal en ligne, déclinaison de Ouest France, qui évoque une usine MAN à Saint Nazaire, qui va fabriquer des moteurs prétendus « propres » pour la Corse et les DOM alors que cette même commune à sera alimentée par une turbine à gaz à cycle combiné qui a été commandée à General Electric à Belfort,  d’un rendement de 60%.   http://www.enerzine.com/12/6667+ge—une-turbine-a-gaz-pour-la-bretagne+.html    *Nul n’est prophète en son pays !

 

De l’autre côté les propres rapports d’EDF sur la centrale du Vazzio, remontés sur plus de 10 ans, des relevés d’autosurveillance, un rapport de dispersion réalisé en 2006, celui d’impact sanitaire qui s’y réfère, des rapports et des propositions de la DRIRE qui inspirent  des arrêtés préfectoraux, l’annonce du préfet LEYRIT en 2007 qui voulait nous faire croire à une centrale de 2012 «  10 fois moins polluante qu’en 1979, et 3 fois moins qu’actuellement »,  qui ne parviennent pas à dissimuler une réalité : au rendement près, en l’état actuel de la connaissance des diesels, les nouveaux moteurs ne pourront pas être plus propres que les actuels.

Un régime dérogatoire  autorisant des émissions de polluants excédant jusqu’à  4 fois les niveaux nationaux jusqu’en 2005. Aucune réduction des microparticules PM 10 et PM 2,5 toujours émises en quantité préoccupantes depuis la mise en service de la centrale ainsi que l’étude NUMTEC l’énonce clairement. Le non respect de la règle votée par la l’Assemblée de Corse en 2005, à savoir un fonctionnement en base, qui génère un nombre beaucoup plus important de phases transitoires (nombre démarrages et arrêts moteur qui sont les plus polluants) que la normale.

 Le Directeur nous rappelle que sa mission est d’assurer la sécurité énergétique de la Corse, fait appel à notre réalisme et nous fait remarquer que notre argumentation n’a pas évoqué les considérations économiques  qui régissent  le fonctionnement de toute  société. Par parallélisme des formes, nous lui faisons remarquer qu’il n’a pas évoqué les considérations sanitaires et environnementales qui impactent de la matière humaine.

Sur l’utilisation des centrales thermiques, Le Directeur concède que les moteurs sont utilisés en semi-base.  Lors de l’entrevue, nous ne  développons par  les raisons de ces choix, mais nous savons  qu’ils sont liés à un savant calcul de valorisation du KWh et d’obligations contractuelles envers nos voisins Italiens. Ces paramètres conduisent  EDF, qui se comporte avant tout en bon gestionnaire financier, à préférer assurer la base à partir des câbles et de faire ensuite appel aux centrales ou autres éléments de production.

Le hic, c’est que ces trop nombreuses  phases transitoires, ne sont pas, contre l’avis de la DSS en 2005 comptabilisées avec les autres émissions. Pourtant si elles étaient additionnées aux phases dites stabilisées les VLE seraient très largement dépassées.

Nous évoquons la possibilité de recourir au GNL pour éviter, dans l’éventualité où le GALSI ne devait pas desservir la Corse, d’être condamnés  à accepter le fioul lourd. Le Directeur évoque une complexité de mise en œuvre, des coûts élevés…… et évoque la solution GPL.  Mais au risque de le décevoir, nous lui indiquons que nous avons une bonne mémoire du  vote par l’assemblée de Corse d’une centrale au GPL dans le Fium’orbu qui n’a jamais vu le jour, et une bonne connaissance de l’essor et des bien meilleures potentialités du GNL.  Nous lui indiquons que nous avons connaissance d’une étude réalisée en 2006 par EDF qui conclut déjà à l’intérêt du GNL en Corse.  Le directeur utilise alors le terme de  mini-chaîne gazière. Visiblement nous devons avoir sensiblement les mêmes lectures ! 

Le Directeur rappelle que la décision ne peut-être différée sans risque de compromettre la sécurité de la fourniture, compte tenu de l’age de la centrale du Vazzio. De source interne, cette centrale pourrait tenir jusqu’en 2015. (elle ne serait alors guère plus vieille que celle de Lucciana ne l’est déjà aujourd’hui)

Nous évoquons successivement la non compétence de la Collectivité pour les moyens de production d’une puissance supérieure à 8 MW, et le choix du site qui sera bientôt proposé par le Préfet de Région. Même si la Collectivité en a demandé à l’Etat d’en faire la proposition, c’est bien la seule décision qui est clairement de sa compétence.  L’orientation fioul lourd, qui est soutenue par EDF, semble être la plus écoutée pour l’implantation de la future centrale thermique, mais présente un inconvénient : celui de ne pas se révéler optimale pour une alimentation au gaz naturel, tiré du GALSI, ou d’un mini terminal méthanier.

Nous demandons au Directeur de nous communiquer les éléments  techniques du contrat qui nous permettraient, bien que nous ne soyons absolument spécialistes comme nos interlocuteurs, de nous faire une idée sur la réalité de l’adéquation à la notion de « centrale à moteurs propres …… conçus pour être convertibles au gaz naturel…… raccordable sur le gazoduc». Cette définition  est celle de la commande publique contenue dans la délibération 05/225 votée par l’Assemblée de Corse en novembre 2005. Le Directeur accepte l’idée de nous remettre des éléments.

A la fin de l’entretien, le Directeur ne l’ayant pas encore abordé, nous lui faisant remarquer qu’étant nous même syndicalistes, nous avons également à l’esprit la dimension sociale et l’objectif de maintien des emplois existants.  A priori, à partir de l’exemple de Martigues qui évolue vers des turbines à gaz, qui seront ensuite transformées en cycles combinés,  il semble que l’évolution des technologies n’est pas plus réductrice d’emplois dans le cas du gaz naturel qu’elle ne le sera probablement dans le cas de nouvelles centrales  au fioul lourd dont la gestion optimisée est vantée dans les flatteurs  articles qu’on diffuse du côté de St Nazaire.

D’ailleurs, à la question « Pouvez vous nous indiquer un endroit dans le monde un endroit où fonctionne déjà ce type de moteur diesel propre fabriqué par MAN ? » aucun de nos interlocuteurs n’a pu répondre.

L’entretien, très cordial, aura duré un peu plus d’une heure. 

 

* Si nul n’est prophète en son pays, visiblement  nul peut l’être en Corse.

8 réflexions sur « Notre rencontre avec le Directeur d’EDF-GDF : ouvert, mais très fioul lourd malgré tout. »

  1. Comme il fallait s’y attendre, le formatage maison SEI fioul lourd sans imagination est très très présent et un peu comme pour les marées noires, une fois tombé dedans c’est très difficile de s’en débarrasser surtout si on veut faire carrière à EDF.

    On peut remarquer tout de même qu’il n’y a pas d’évolution du coté de l’opérateur et que son représentant continue à tenter de puiser et de sélectionner dans l’histoire les éléments qui lui conviennent et qui l’arrangent en omettant naturellement de parler par exemple des compensations financières telles la CSPE.

    C’est maintenant à nos politiques de prendre réellement conscience de la réalité et des immenses possibilités alternatives et de peser pour infléchir la décision.

    Le gazoduc GALSI peut historiquement arriver, il doit arriver et il faut qu’il arrive pour qu’ Ajaccio se sépare enfin définitivement d’installations complètement dépassées, obsolètes, dangereuses et MORTELLES.

    NOS ENFANTS NE COMPRENDRAIENT¨PAS.

  2. Vous êtes longs à la détente. EDF est au dessus de la mêlée et ne fait que ce qu’il l’intéresse malgré ce qui est prévu et signé dans le trépied.

    Quel joli paradoxe, *une ZNI alimentée en base par ses interconnexions.

    *Ce sera le prochain sujet de philo dans l’hémicycle de la collectivité territoriale Corse, à la CRE et pourquoi pas à Bruxelles.

    A+

  3. Dans le dossier énergétique insulaire ce ne sont pas les sujets de philo qui manquent.
    Les futurs candidats auront le choix entre un sujet territorial « Malgré le PEC la ZNI Corse peut elle continuer à être alimentée en base par ses interconnexions ? » et un sujet préfectoral « Qui de lâ??opérateur ou du palais Lantivy doit sâ??adapter et se plier pour être en conformité avec le prochain arrêté préfectoral ? ».

  4. SLAM

    Pourquoi philosopher sur un problème d’éthique,
    une fois de plus le piètre résultat est hors norme,
    une fois de trop nos élus ont voté pour la forme,
    à la base, ce n’est rien qu’un problème de fric!

  5. Ou est l’erreur ? Les "décideurs " que nous avons élus: poltrons, incompétents, castrés, profiteurs. Pourquoi ne pas en changer ?

  6. Si nos élus ne sont pas compétents il faut en changer. Mais changer d’élus, c’est une possibilité qui appartient uniquement à l’électorat, ça ne se décrète pas.

    Quand nous essayons de faire entendre nos propositions, les élus qui sont actuellement au pouvoir refusent de les écouter et nous le rétorquent: " Nous, nous avons la légitimité des urnes "

    Alors ça ne va pas être simple, même en ayant raison, de faire changer les habitudes de vote!

  7. le dernier espoir est la reunion du G8 en sardaigne en mai ( sarko aime bien les scoops alors espoir pour galsi ) il est a noté je crois que la centrale a gaz ( folelli et fiumorbo ) n’a pas été voulue par les independantistes !!

  8. C’est vrai que le Président SARKOZY aime les effets d’annonce.

    C’est peut-être le même réflexe qui a incité le Président territorial à nous parler, à demi-mots, sur le ton de la confidence, d’ une probable bonne nouvelle portée par son homologue national.

    Serait-ce au mois de juillet, à l’occasion du G8, comme vous l’espérez?

    Le rendu du rapport de Monsieur GALSI au mois de juin pourra nous en donner les indices.

    Quel est le document qui vous fait penser que la centrale au gaz aurait eu des opposants parmi la population? Il y a bien eu débat sur le lieu d’implantation, mais de mémoire pas sur le combustible.

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