La montagne a accouché d’une souris mazoutée : la PPE pour la CORSE a surtout des relents de PPI.

La montagne a accouché d’une souris mazoutée : la PPE pour la CORSE a surtout des relents de PPI.

Observations de l’association Aria Linda émises dans le cadre de mise à disposition du public, en application de la loi n°2015-992 du 17 août 2015, relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), des éléments constitutifs du projet de Programmation Pluriannuelle de l’Energie pour la Corse 2016-2018/2019-2023

Observations sur étude d’impact économique et sociales

Observations sur évaluation environnementale et stratégique,

Observations sur Avis de l’autorité environnementale et, son complément

 

Dans ce document de 69 pages, le préambule très révélateur, décline l’alpha et l’oméga, de la PPE Corse.

« En attendant l’arrivée du gaz, le Gouvernement soutient un fonctionnement de la future centrale [d’Ajaccio]  au fioul léger, comme celle de Lucciana récemment mise en service ». 

 C’est donc un courrier du 18.03.2015, adressé par la Ministre du MEDDE au Président de l’Exécutif qui sert de feuille de route à la rédaction de la PPE Corse. En n’abordant que la programmation de la production électrique, ce courrier donne à la PPE un fort relent de PPI électricité qui met toutefois en évidence l’absence de PIP gaz. Contrairement aux principes d’élaboration des PPE.  

Ce que confirme la phrase de la Ministre: si le soutien du Gouvernement est explicitement acquis pour un fonctionnement au fioul léger, l’arrivée du gaz n’est  implicitement pas acquise.

De plus, comme cela est indiqué page 66, la mise en œuvre de la chaine gazière n’est pas au programme de la présente PPE « …. la présente PPE fixe pour objectif de lancer les études de faisabilité de l’ensemble de ses éléments…. » 

Vient ensuite, d’un abord rassurant, la référence à l’article 64 de la Loi de Transition Energétique et pour la Croissance Verte, qui prévoit le paiement des coûts échoués des études relatives à l’approvisionnement en gaz naturel de moyens de production électrique thermiques de l’île. Rassurante garantie de rémunération pour qui réaliserait l’étude d’un projet, dont la réalisation, elle, ne serait garantie de rémunération, ni à 6,5%, et encore moins à 11% des capitaux investis. (cf page 59) 

Enfin, la réponse du président de la commission de régulation de l’énergie à la Ministre du MEDDE, le 23 avril 2015, rend de fait l’article 64 inapplicable en ce qui concerne les coûts des études des modalités d’approvisionnement de la centrale du Vazzio.

 

Sous l’objet de ce courrier : « Compensation par la CSPE du coût des études des modalités d’approvisionnement et du remplacement de la centrale du Vazzio », le président de la CRE indique en effet :

 « Je vous confirme que la CRE  prendra en considération le principe d’une prise en compte dans les charges financées par la CSPE des coûts des études de ces  projets, sous réserve de leur inscription effective dans la PPE ».

Or, les coûts des études de ces projets ne sont, effectivement, pas inscrits dans la présente PPE.

————

Au chapitre 3 de la PPE relatifs aux objectifs de sécurité d’approvisionnement, page 35, sous chapitre 3.11 Identification des importations énergétiques figure la liste des carburants consommés en Corse et donc stockés :

·         le gazole/gazole non routier (GO) ;

·         l‘essence sans plomb 95 (SP 95) ;

·         le fioul domestique (FOD) :

·         le carburéacteur Jet A-1 :

·         le gazole pêche (GOP).

 

Cependant, la liste des carburants consommés en Corse, et donc stockés  ne mentionne pas :

·         le fioul lourd (FO2)

 

Le fioul lourd est, et restera pourtant le combustible principal qui alimentera la centrale du Vazzio et ce, au moins jusqu’au 31/12/2022.

Il en est importé et stocké dans l’enceinte de la centrale thermique du Vazzio, où sont installées 3 cuves de 10 170 m3 chacune destinées au stockage des fiouls.

Cette lacune documentaire ne sera pas davantage relevée par aucun des observateurs de l’autorité environnementale pourtant venus visiter la centrale thermique du Vazzio. Elle fera défaut tout au long des diverses évaluations, et avis prévus dans le cadre de l’élaboration de la présente PPE.

Autre lacune : les volumes de stockage présents au Vazzio n’ont pas fait, comme ceux de la centrale Lucciana B, l’objet d’une *(1) évaluation du risque boilover.

————

 

Au chapitre 5.2 Objectifs relatifs aux autres infrastructures énergétiques : infrastructures d’approvisionnement en gaz naturel, il est indiqué dans le premier paragraphe :

« Le projet de raccordement de la Corse au réseau transport gaz par le biais du gazoduc marin (GALSI) n’étant plus dans l’actualité…. ».

Pourtant, dans l’actualité du groupe EDISON,  2 eme électricien  en Italie, filiale à 80% du groupe EDF dont l’Etat est l’actionnaire à 84,49 %, la réalisation du GALSI serait bien d’actualité.

EDISON, annonce, sur son site une mise en service du gazoduc GALSI en 2018 :

« Il nuovo gasdotto collegherà l’Algeria all’Italia e sarà destinato all’importazione di gas naturale. Avrà una capacità di 8 miliardi di metri cubi all’anno e l’entrata in esercizio è attualmente prevista per il 2018 »  lien vers le site EDISON

————

Enfin, pour finir et confirmer les indications relevées dans le préambule, on peut remarquer que le chapitre 6  Synthèse des réalisations sur la période de la PPE  (2016-2018/2019-2023), pour les deux postes suivants, que le projet de PPE ne mentionne aucune date de réalisation quant aux conditions permettant entre 2016 et 2023, par rapport à l’existant en 2015, de sécuriser l’alimentation énergétique de la Corse :

          en mettant en service à Ajaccio, un cycle combiné gaz d’une puissance avoisinant 250 MW fonctionnant au fioul domestique en attendant l’arrivée du gaz naturel ;

          En construisant une infrastructure d’alimentation en gaz naturel de la Corse permettant de convertir l’ensemble des moyens de production thermique de la région au gaz naturel ;

 

La réalisation de STEP, qui permettraient le stockage de l’électricité EnR produite, avec le moindre coût par rapport aux autres solutions de stockage, bien au-delà des seuils de déconnexion de 30 %, 35 %, (voir de 45% en 2023 dans une future PPE),  n’est pas prévue sur la période 2016-2023. 

 

 

En résumé, la seule décision nouvelle inscrite dans cette PPE concerne le doublement d’une obligation déjà inscrite dans la PPI de 2006, puis dans celle 2009, à savoir, le remplacement des moteurs de la centrale thermique du Vazzio à hauteur de 120 MW prévu fin 2012 (fioul lourd convertible au gaz naturel si le projet GALSI se réalise et que la Corse y est raccordée).

Pour tout le reste, la concertation a vécu, et même permis une nouvelle exception dans l’exception :

L’île aux radiateurs barbecues en hiver, aux climatiseurs estivaux et à l’habitat passoire a élaboré son SRCAE en évaluant les moyens de se libérer de la précarité énergétique et d’atteindre son autonomie énergétique, exprimant probablement, un niveau d’engagement financier bien supérieur à celui des autres ZNI. 

Il semble, comme indiqué également dans le préambule de la présente PPE, que le législateur l’avait anticipé : 

« A noter que contrairement aux autres ZNI citées à l’article 61-II du projet de loi relatif à la LTECV, la PPE de la Corse ne constitue pas le volet énergie du SRCAE » 

Une formulation édulcorée par le texte, définitivement adopté le 22 juillet 2015 à l’article 203  du chapitre IV : Dispositions spécifiques aux outre-mer et aux autres zones non interconnectées

 « II. – Dans les collectivités mentionnées au I du présent article, à l’exception de la Corse, la programmation pluriannuelle de l’énergie constitue le volet énergie du schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie, mentionné au 3° du I de l’article L. 222-1 du code de l’environnement.

 

Baccalà per Corsica

14/10/2015

La suite des observations

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *