Europe : R�©duction des Gaz �  Effet de Serre : les lobbies remportent la partie �  4 % contre les 20 % pr�©vus.

Europe : R�©duction des Gaz �  Effet de Serre : les lobbies remportent la partie �  4 % contre les 20 % pr�©vus.

    Entre le projet Européen de réduire de 20 % d’ici à 2020 les émissions de Gaz à Effet de Serre, et le décevant résultat final de 4% adopté, les lobbies ont joué à fond leur rôle.

Les grands intérêts financiers ont gagné contre le développement durable, malgré les grandes messes incantatoires, malgré le Grenelle. La raison du plus fort, économiquement, est donc toujours la meilleure

Cela s’est joué sur fond de présidence par Nicolas SARKOSY. Maigre bilan sur ce point ainsi que le constate un député vert dans article paru dans LE MONDE.

Alors quelle sera la position de Nicolas SARKOSY face aux appétits de l’opérateur historique en Corse, alors que l’état en est actionnaire à 87,3 %?
Alors qu’un accord entre états est aujourd’hui plus que nécessaire et urgent pour obtenir le raccordement de la Corse au gazoduc GALSI, Nicolas SARKOSY quitte la présidence européenne sans avoir mis à profit sa position.



L’article paru dans LE MONDE :  


Point de vue

Débandade sur le climat, par Daniel Cohn-Bendit, Yannick Jadot et Jean-Paul Besset

LE MONDE | 17.12.08 | 14h00  •  Mis à jour le 17.12.08 | 14h00


accord des chefs dEtat et de gouvernement européens sur le paquet climat-énergie et la conférence des Nations unies de Poznan le confirment : lUnion européenne, sous présidence française, na pas assumé le rôle attendu – et prétendu – de leadership mondial dans la lutte contre les changements climatiques. Les déclarations dautosatisfaction des dirigeants européens cachent mal la triste réalité : les égoïsmes nationaux et les pressions économiques ont pris le dessus sur lintérêt collectif et ont amputé les moyens qui auraient permis datteindre les objectifs climatiques et énergétiques qui simposent.

Le projet proposé par la Commission ne manquait pourtant pas de volontarisme : réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990 (de 30 % en cas daccord international), porter la part des énergies renouvelables à 20 % de la consommation et réaliser 20 % déconomies dénergie. A ce bloc des "3 × 20" sajoutait un projet de réglementation sur les émissions de CO2 des voitures, visant à leur réduction de 25 % dici à 2012 (avec un objectif de 120 g de CO2 par kilomètre parcouru).

Ce projet, à hauteur des enjeux, est quasiment réduit à néant. Lobjectif de 20 % de réduction des émissions sera réalisé à près de 80 % par des actions en dehors du territoire européen, grâce au tour de passe-passe de la compensation carbone dans les pays du Sud. Cest finalement un objectif minuscule de 4 % de réduction des émissions que lEurope sassigne sur son territoire, entre aujourdhui et 2020. En outre, labsence dobjectif contraignant déconomies dénergie et la perspective dune nouvelle révolution énergétique et industrielle en Europe senvolent, emportant avec elles plusieurs millions demplois qualifiés dans des secteurs aussi essentiels que le logement et les transports.

Le mécanisme mis en oeuvre pour aboutir à un tel recul sapparente à une débandade en rase campagne. Alors que le projet initial prévoyait la mise aux enchères de 100 % des quotas démissions de CO2 alloués aux secteurs industriels polluants, le Conseil européen sest transformé en bureau denregistrement des demandes dexceptions et de dérogations de la part des lobbies industriels et nationalistes, sans quaucune étude dimpact sérieuse ait été préalablement réalisée. Si bien quau total, seules 4 % des entreprises européennes seront soumises au régime de quotas payants, 96 % y échappant !

Cest peu dire que linnovation industrielle ne sera pas encouragée. Tout aussi grave, lEurope se prive ainsi dune source majeure de financement (plusieurs dizaines de milliards deuros) pour adapter son économie, en particulier celle des Etats les plus handicapés énergétiquement, et pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques.

Seul point positif dans ce paquet : lorientation maintenue en faveur des énergies renouvelables, qui devrait permettre lémergence dune industrie puissante dans ce domaine et la création de très nombreux emplois qualifiés. A condition que les Etats ne freinent pas le dynamisme naissant au niveau national, comme la France tente de le faire avec léolien, en lassommant de contraintes administratives injustifiées.

Enfin, la réglementation sur les émissions de CO2 des voitures a été totalement vidée de contrainte pour les dix ans qui viennent. Très largement amendé sous la pression des constructeurs allemands, lobjectif de 120 g de CO2 par kilomètre pour 2012 est passé à 160 g si lon additionne les dérogations et les aménagements divers. Soit la moyenne des émissions aujourdhui ! Le secteur automobile, lun des plus polluants et le seul à voir ses émissions progresser rapidement, se voit récompensé pour son laxisme. Avec pareil rideau de fumée, lEurope renonce à limiter à 2 °C le réchauffement de la planète afin déviter un emballement climatique catastrophique. Au contraire, elle sinscrit dans une trajectoire insoutenable dau moins + 4 °C dici à la fin du siècle.

Contre la transition du "3 × 20", cest donc le modèle économique du "4 × 4" qui a gagné en Europe, celui dune dépendance renforcée aux énergies fossiles, dune incapacité à répondre aux crises climatiques, énergétiques, économiques et sociales. Emmené par Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Donald Tusk, qui ont défendu jusquà la caricature les intérêts de leurs industries, et présidé par un Nicolas Sarkozy prêt à toutes les concessions dans le seul but dobtenir un accord sous sa présidence, le Conseil européen a dépecé les propositions de la Commission et méprisé les votes du Parlement européen.

Il nest dès lors pas surprenant que la conférence de Poznan soit aussi un échec. Elle a continué à creuser le fossé entre les pays riches, premiers pollueurs et principaux responsables du réchauffement climatique, et les pays du Sud, qui en sont les plus grandes victimes. Le fonds dadaptation destiné à venir en aide aux pays démunis ne sera abondé quà hauteur dune soixantaine de millions de dollars, une misère comparé aux besoins réels et aux sommes extravagantes octroyées au secteur bancaire.

Alors que les mois qui viennent seront décisifs pour lavenir du climat, lEurope, prise entre son conservatisme industriel et lego de ses dirigeants, a officiellement perdu son statut de leader mondial pour la protection de ce bien commun de lhumanité. Raison supplémentaire pour que la priorité écologique soit affirmée avec force lors des prochaines élections européennes.


Daniel Cohn-Bendit est député européen (Verts) ;

Yannick Jadot et Jean-Paul Besset sont membres du bureau exécutif de lAlliance pour une Europe écologique.

 

Article paru dans lédition du 18.12.08

 

 

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