mercredi 15 septembre 2010
Révoltant !
Par Jean-Nicolas ANTONIOTTI, mercredi 15 septembre 2010 à 03:48 :: General
Si l’arrêté d’exploitation proposé par la DRIRE à la signature du préfet de Haute Corse avait véritablement intégré certaines des améliorations promises, l’emballage proposé par le représentant de l’état lors de la conférence de presse du 14 septembre 2010 n’aurait pas été nécessaire.
Mais avant même d’arriver aux articles de l’arrêté, la lecture des requérants et des considérants ressemble à un catalogue de prouesses de contorsionniste pour tenter de démonter, entre autres, que les réserves de la commission d’enquête publique auraient été levées.
L’exercice était périlleux. Monsieur le préfet a même introduit dans ses COMMENTAIRES SUR L’ARRETE D’AUTORISATION D’EXPLOITATION DE LA CENTRALE ELECTRIQUE DE LUCCIANA des éléments plus que contradictoires avec le contenu de son arrêté d’autorisation d’exploitation au sujet « Des améliorations importantes par rapport au projet initial » :
Selon les COMMENTAIRES
« S'agissant de l'impact sur les activités sur la commune de Lucciana, la diminution de la taille des cuves de stockage de 3×8500m3 à 3×3900m3. Cette modification réduit le périmètre de danger de façon importante, et permet à la Commune de poursuivre ses projets, notamment en matière d'équipements sportifs. »
Ce que prévoit réellement l'arrêté d’exploitation
« Considérant que le volume stocké dans chacun des trois bacs d’hydrocarbures a été réduit à 3960 m3 et que la recommandation n°2 a donc été prise en compte.
A la faveur d’un modificatif de l’arrêté d’exploitation, procédure assez courante, rien n’empêche donc de remplir les cuves à 100 % de la capacité initialement prévue par EDF. Le volume de la capacité de rétention reste d’ailleurs capable de recueillir le contenu de la plus grosse des cuves en cas de fuite.
Chacun peut donc apprécier le niveau de prise en compte de la recommandation n°2.
Selon les COMMENTAIRES
« S'agissant de la qualité de l'air, la modification règlementaire de la teneur du carburant en soufre (fioul à très très basse teneur en soufre, au taux de 0,5%), voire l'utilisation si nécessaire d'un fioul spécifique pour la Corse, permettra de faire baisser l'ensemble des émissions aériennes. »
Ce que prévoit réellement l'arrêté d’exploitation
Aucune amélioration puisque le dossier déposé à l’enquête publique prévoyait déjà l’utilisation d’un fioul lourd TTBTS.
Monsieur le préfet semble même affirmer que la baisse de la teneur d’un seul des composants du fioul lourd, le soufre, permettrait de faire baisser l’ensemble des émissions aériennes. Il suffit de comparer le tableau fixant les valeurs limite d’émission (VLE) de la nouvelle centrale avec celui de l’actuelle centrale pour constater que le niveau d’émission autorisé pour les poussières (microparticules), et pour les métaux lourds, est inchangé.
Il ne s’agit, ainsi que le précise lui-même le préfet, que de l’application d’une disposition règlementaire. D’ailleurs, si l’on se réfère aux déclarations faites par le directeur régional d’EDF, lors du conseil énergétique du 31/10/2009, l’actuelle centrale de Lucciana fonctionnerait déjà avec un combustible (fioul à très très basse teneur en soufre, au taux de 0,5 %) dit TTBTS. (Alors que j’évoquais le taux de 1 % de soufre indiqué par un agent de la centrale de Lucciana, et figurant dans la presse écrite du jour, ce même directeur me rétorquait «….. c’est un mensonge, M. ANTONIOTTI ».)
Selon les COMMENTAIRES
« S'agissant de la garantie du caractère transitoire de l'alimentation au fioul lourd, les moteurs seront directement équipés pour le gaz dès le début de fonctionnement de la centrale.»
Ce que prévoit réellement l'arrêté d’exploitation
« Dès le démarrage de l’installation les moteurs de la centrale sont convertis pour permettre un fonctionnement au gaz naturel lorsque celui-ci sera disponible. »
« L’exploitant établi un plan de conversion au gaz de la centrale thermique qui présente avec tous les éléments d’appréciation les modifications à apporter aux installations par rapport à la situation autorisée, le calendrier prévisionnel de réalisation, et les engagements de l’exploitant dans la démarche à mettre en œuvre. Ce calendrier tient compte des délais d’instruction des autorisations administratives nécessaires et des échéances prévisionnelles de réalisation du GALSI. Il doit prévoir le dépôt d’une demande d’autorisation de la centrale au gaz naturel dès le début des travaux du gazoduc. »
Dans la phrase de conclusion "mais" semble indiquer une hiérarchisation des priorités:
« Cet arrêté permet donc d'avancer rapidement sur l'alimentation électrique, support du développement économique de la Corse, mais intègre également les préoccupations relatives à la protection de la santé et de l'environnement.
Le développement économique de la Corse.
Les préoccupations de ses occupants.
Moteurs fioul lourd et fioul lourd pour toute la Corse?
C'est bien la stratégie qui se dessine au vu des seuls signaux que l'état nous adresse.
A Lucciana, l'exploitant aurait oublié de livrer à l'appréciation des services du préfet, le coût de réalisation d'un oléoduc: 100 millions d'€.
A Ajaccio, le préfet a choisi le meilleur site pour l'implantation d'une centrale au fioul lourd, et le dossier de centrale au gaz qu'EDF devait lui remettre en juillet semble se faire attendre.
Mais que la population se rassure, le conseil énergétique va aujourd'hui même visiter un chantier de gazoduc à Martigues, et la CNDP va bientôt organiser une thérapie de groupe pour répondre à ses "préoccupations".
Du côté de la mesure de la qualité de l'air, pas de nouvelles, bonnes nouvelles! Les éléments permettant d'avoir une idée précise sur les mesures station par station, et polluant par polluant, ne sont plus accessibles.
Les premières réactions.................